On dit « je vais à Saleya », car là est le cœur de Nice. Chapelle baroque de la Miséricorde et palais XVIIe des Ducs de Savoie veillent sur ses étals multicolores. Matisse y eut l’un de ses ateliers. César, sculpteur à l’âme populaire qui cuisinait nissart, y faisait son marché. Thérésa, reine de la socca, y vend ses parts de soleil. Les cagettes des maraîchers débordent de mesclun, riquette, fleurs de courgettes, tomates cœur de bœuf côtelées, citrons et fenouils. Quand le terroir se replie sur ses collines et que ferment les bancs de poissons, les brocanteurs installent mille objets de nostalgie. C’est Saleya, au bonheur de sa double vie.