En septembre dernier s'est tenu Smmmile, le 1er festival vegan à Paris suivi de la 2ème édition du salon VeggieWorld en octobre. Et le 1er novembre, était célébrée la Journée Mondiale Vegan. L’occasion pour nous de se pencher sur ce régime alimentaire et mode de vie excluant l’exploitation des animaux, avec le concours de Sébastien Kardinal, défenseur et hédoniste 100% végétal.
Informaticien, joueur de sabre laser, chef de rubrique à l’association végétarienne de France, détenteur d’un site « de survie végétalienne à Paris », Sébastien Kardinal brouille les pistes, sans pour autant s’écarter de son objectif principal : promouvoir le véganisme. Comment ? En passant par l’assiette afin de démontrer que manger vegan peut être gourmand. Presque une formalité pour ce quarantenaire initié dès son plus jeune âge par une famille amatrice de bonne chère, qui n'hésitait pas à lui faire découvrir les cuisines des quatre coins du monde pour « affiner [son] palais ».
Une filiation gourmande qui a éveillé sa curiosité pour finalement se muer en passion : « c’était tous les jours un enrichissement », se remémore cet autodidacte qui appris les rudiments de la cuisine avec les femmes de la famille. Sébastien Kardinal se dit par ailleurs très chanceux d’avoir été élevé dans une culture culinaire traditionnelle française. Mais qui dit cuisine française dit produits carnés. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, Sébastien Kardinal ne consomme pas de viande, et ce depuis sa prime enfance : « je ne considérais pas ça comme un aliment, je trouvais ça super bizarre. Ce n’était pas un rejet, mais un manque de goût pour ce genre de choses », nous explique-t-il. Le goût, l’odeur et la texture de la viande lui déplaisaient. « Mes papilles n’étaient pas réceptives », résume assez bien Sébastien Kardinal dont la non consommation de viande relevait davantage d'un manque de goût et d'intérêt que d'une réelle conscience de la cause animale.
De végé à vegan
Ce n’est qu’à l’âge adulte, en s’intéressant de plus près au végétarisme, que Sébastien Kardinal découvre le véganisme sur un forum de discussion. Ce fut un retentissement moral : « Je ne peux pas ignorer les faits. J’agis en âme et conscience. Soit j’accepte, soit je refuse et donc j’agis », s'était alors dit Sébastien Kardinal. Sa confrontation avec la souffrance animale est un électrochoc ; il refuse dès lors d'être un « maillon de cette chaîne » en participant de quelque manière que ce soit à leur exploitation. Ce cheminement personnel qui s'est construit au fil des années, ce dernier entend le transformer en message universel. L’homme est-il un animal comme les autres ? La vie animale vaut-elle celle d’un homme ? Toutes ces questions sont inaudibles pour lui et les anti-spécistes, la réponse étant évidente.
« On est sur un problème d’urgence », dit-il avec gravité même s’il se félicite du chemin parcouru en 10 ans sur la perception du véganisme en France. « Avant on était dans l’occultation, aujourd’hui on est dans la confrontation, sur une mise en avant du problème », poursuit-il. Et les derniers scandales sanitaires dans les abattoirs français n’y sont pas étrangers. Des affaires qui ont permis, selon lui, à changer le regard de la société sur les défenseurs de ce mode vie jusqu'alors incompris, ou pire, taxés d'extrémisme. Car au-delà de cette considération morale, Sébastien Kardinal avance bien d'autres arguments comme ceux d'ordre écologique, médical, économique et spirituel. Autant de facteurs déclencheurs qui sont, selon lui, indissociables pour embrasser cette philosophie de vie... qui en déconcerte certains.
Le véganisme à l'épreuve du « manger ensemble » ?
Régime sans gluten, sans lactose, sans lait, sans viande : ces derniers temps, concilier tous les régimes alimentaires autour d’une même table et partager le même repas semblent être une gageure. Toutes ces restrictions sont-elles compatibles avec le « manger ensemble » ? Sébastien Kardinal balaye cette question d'un revers de main et pointe surtout le manque d’implication et d'adaptation des familles pour inclure des régimes alimentaires différents des leurs. Une incompréhension qui se solde souvent par une exclusion de fait de ces personnes adoptant un régime vegan ou autre. Faire une cuisine commune et vegane est possible insiste celui dont le vœux le plus précieux est de « rétablir la paix dans les familles ».
« J'essaie de proposer une cuisine du futur »
Si certains optent pour les images et les phrases chocs pour promouvoir le véganisme, Sébastien Kardinal préfère lui s'en affranchir et axer sa communication un tout autre registre : « Je ne suis pas dans le côté moral. Je suis pour une communication positive et gourmande, c’est une évidence. La bouffe avec un grand B c’est important, et pour moi l’assiette, c’est sacré ». Avec cette ligne éditoriale, cet hédoniste veut avant tout prouver qu'on peut bien se nourrir et être surpris avec la cuisine vegan. La sensibilisation à ce mode de vie passera donc par l'assiette et par les livres de cuisine. Voyant l'offre rachitique dans ce domaine, Sébastien Kardinal enfile le tablier et publie coup sur coup À la française : La tradition façon vegan en 2015 et Ma petite boucherie végane en 2016. Deux livres dans lesquels il donne sa vision de la cuisine vegan qui allie respect des traditions culinaires françaises – primordial, selon lui - et cuisine du futur. « J’essaie de la faire évoluer dans la modernité. Je suis attaché au respect des traditions techniques, pas au ingrédients. Seuls les traceurs gustatifs comptent », tranche-t-il.
Mais est-ce si facile de manger vegan ? De plus en plus de restaurants ouvrent dans ce sens et des supermarchés comme Monoprix s'engouffrent dans le marché en proposant par exemple des produits simili-carnés. Et là encore, un clivage se fait entre les pro et anti. Lui tranche, « tant que ce n’est pas animal, ça me va. Il faut encourager toute évolution, que ce soit au sein de la famille ou dans l’industrie agro-alimentaire » . Une première étape selon lui pour opérer un changement de paradigme qui se fait plus lentement à Paris que dans des grandes villes comme Londres où « il y a moins de conservatisme vis-à-vis de la cuisine ». Loin d'être inquiet sur l'expansion et la vulgarisation du véganisme en France, Sébastien Kardinal voit même plus loin : il planche sur un guide numérique vegan et caresse le projet d'ouvrir un coffee shop. « Je suis confiant sur l’avenir », conclut-il. Un optimisme à toute épreuve que ce bon vivant entend insuffler.
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