Entre la surpêche - un désastre écologique au niveau des réserves halieutiques -, le risque d’intoxication au mercure et le flou autour de la composition des produits « à base » de poisson, comment s’y retrouver ? Quelles sont les espèces à exclure définitivement de son assiette ? À qui se fier et comment décrypter les étiquettes ? Il existe plusieurs façons de se pencher sur le sujet...
En 2013, la dessinatrice de bande-dessinée et blogueuse Pénélope Bagieu donne un sacré coup de pouce à l’association de défense maritime Bloom en sensibilisant son lectorat au chalutage de fond. Résultat : quelques mois après la publication d’un billet explicatif renvoyant vers le site de l’association, la pétition Urgence Océans Profonds compte plus de 850 000 signataires. Une des premières prises de conscience de l’opinion publique sur les conséquences de la surpêche... Car pour bien des Français, il est par exemple hors de question de manger des œufs de poules élevées en batterie. Beaucoup de grands groupes (Monoprix, Unilever, McDonald’s…) ont d’ailleurs renoncé à en vendre ou à en utiliser, sous la pression de défenseurs des animaux dans la consommation alimentaire. Concernant l’élevage bovin ou porcin, un sondage OpinionWay réalisé en marge du Salon de l’Agriculture en 2013 révèle que 90% des Français sont défavorables aux élevages qui concentrent les animaux dans des bâtiments fermés sans leur laisser d'accès à l'extérieur. Mais manger un poisson d'élevage gavé d'antibiotique, ou pire, un poisson sauvage en voie d'extinction ne semble pas être aussi dérangeant. Quels sont les outils mis en place pour alerter le consommateur ?
Se renseigner via applis et sites web…
A l’occasion de la Journée mondiale de l’Environnement, le 5 juin dernier, la fondation GoodPlanet lançait une application mobile, Planète Océan (à télécharger sur iOs et Android). Très pratique, elle répertorie une centaine d’espèces de poissons, coquillages et crustacés. Chez le poissonnier ou au supermarché, en cas de doute, il suffira d’un clic pour apprendre que cette anguille sur laquelle vous lorgnez est en danger. Une rubrique actualité est également bien fournie. Mais le site le plus au point est peut-être Mr Goodfish : les informations, très complètes, sont mises à jour plusieurs fois par an et par région… Car de l’été à l’hiver, de la Côte d’Azur à la Bretagne, les ressources maritimes ne sont pas les mêmes.
... Et privilégier le poisson bio ou sauvage
A l’issu d’un test réalisé par 60 millions de consommateurs, on apprend que sur 23 filets de saumon analysés, un tiers des poissons d’élevage testés contient de l’éthoxyquine (un pesticide). Quant aux filets bios, ils contiennent aussi, bien souvent, des pesticides ! D’un autre côté, les poissons sauvages, également dits « de ligne » peuvent avoir été congelés entre leur prise en haute mer et leur revente à la criée, souvent quelques jours plus tard. Ils peuvent également être chargés en métaux lourds. Une « intoxication » toute relative, le poisson d’élevage étant parfois largement gavé d’antibiotiques. Entre poisson d’élevage et poisson sauvage, la différence ne se remarque pas tant au niveau nutritionnel que gustatif, le poisson sauvage étant plus réputé. Quant au bio c’est forcément un poisson d’élevage, mais élevé dans des conditions optimales (alimentation sans OGM, pas d’utilisation d’antibiotique, pas de stimulateur de croissance). Le Label Rouge garanti un goût optimal, mais n’a pas un cahier des charges aussi strict que le bio concernant les conditions d’élevage.
Que le poisson soit d’élevage ou de ligne, ces informations ainsi que sa provenance et son espèce doivent figurer sur l’étiquette.
Pourquoi favoriser le fait-maison à l’industriel ?
Parmentiers de poissons, surimis, nuggets de poisson : achetés en supermarchés, ces produits sont généralement fabriqués à partir de « pulpe de poisson », nom flou derrière lequel se cache tout ce qui n’est habituellement pas consommé. Une étude de l’association CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie), datée du 23 juin, pointe du doigt des produits "de qualité très médiocre" ayant une production très peu encadrée.D’ailleurs, la plupart du temps, l’espèce du ou des poissons utilisés ne figure pas dans la liste d’ingrédients, et toutes ses parties sont utilisées, comme des arêtes broyées. Et l’association de défense des consommateurs de conclure que « le flou qui prévaut aujourd'hui n'est pas acceptable ». La solution ? Réaliser ces produits soi-même avec de beaux filets achetés chez le poissonnier, à l’instar du loup en croûte de Paul Bocuse. Pour aller plus loin :
Le site de l’association Bloom
Le site de l’association CLCV
La BD de Pénélope Bagieu
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