#Chef, quand « feel good movie » rime avec gastronomie

Les films culinaires ont la cote cette année. Après Les Recettes du Bonheur produit par Steven Spielberg et Oprah Winfrey, le film #Chef, sorti en salles mercredi, devrait séduire les amateurs de cuisine. Dans un style plus proche du cinéma indépendant que de la superproduction, #Chef raconte le retour aux sources d’un cuisinier talentueux. Carl Casper, incarné par Jon Favreau (qui est également le réalisateur, producteur et scénariste du film), est un chef reconnu qui travaille pour le restaurant La Gauloise à Brentwood en Californie. Alors qu’il souhaite affirmer son style et proposer de nouveaux plats, plus créatifs, notamment dans le but de séduire le très influent blogueur Ramsey Michel, le patron du restaurant (incarné par Dustin Hoffman) lui coupe les ailes, lui imposant de « la jouer classique » et de servir ses traditionnels œufs à la truffe et son moelleux au chocolat sans magie. C’en est trop pour le chef, égratigné par le fameux critique. Il quitte le restaurant et songe à l’avenir.

Alors qu’il passe un séjour à Miami dans la famille de son ex-femme campée par l’actrice Sofia Vergara, le chef redécouvre, après des années passées à mettre les petits plats dans les grands, les plaisirs simple d’un pan cubano, un sandwich au fromage fondu - cubain comme son nom l’indique - qui se déguste avec les doigts. Goûts, simplicité et émotions sont au rendez-vous. C’est une révélation. Libéré des contraintes de son restaurant, il envisage la cuisine avec une plus grande liberté et ce, grâce à un food truck où il va proposer de la nourriture cubaine à emporter. Au menu, des medianoches - sandwich au jambon et au porc grillé -, des frites de manioc ou encore du arroz con pollo.

Si le food truck est tendance en France c’est une institution aux Etats-Unis où le phénomène s’est pérennisé. Cette mode est symptomatique d’un état d’esprit ambiant : les codes de la cuisine doivent être bouleversés. Finie la cuisine tradi, les cloches et les nappes blanches, aujourd’hui il est beaucoup plus chic de dénicher une émotion gustative dans un boui-boui plutôt que dans un resto étoilé. Le film #Chef va dans ce sens et défend une cuisine plus spontanée et plus joyeuse. Faisant le trajet entre Miami et Los Angeles dans son camion baptisé « El Jefe », Carl Casper glane en chemin quelques bonnes idées, de beaux produits locaux, faisant évoluer sa cuisine au grès de son voyage. La cuisine doit être ouverte, se réinventer et s’enrichir au quotidien. Elle n’est plus figée et doit vivre avec son époque.

Symbole de cette cuisine en mouvement, le réseau social Twitter est mis à l’honneur dans ce film résolument actuel. Le chef, peu familier des réseaux sociaux et des nouvelles technologies, découvre la puissance de Twitter. Son fils créé une communauté puissante, postant chaque étape de leur voyage et annonçant les villes où le food truck s’arrêtera. Véritable outil marketing, le réseaux social apporte de plus en plus de clients et fait d’El Jefe un spot incontournable. Comme tout film américain doit se finir par une morale (attention spoiler), le blogueur/critique qui avait ruiné la réputation du chef envoie, devant l’ampleur du phénomène, un de ses sbires pour lui acheter un sandwich cubain. C’est évidemment le meilleur sandwich qu’il ait mangé de sa vie. Après un mea culpa dans les règles, il propose à l’as des fourneaux de s’associer pour ouvrir un restaurant. Le message de ce film très réussi et vraiment sympathique : la masse l’emporte sur l’individu. De nos jours, grâce à internet, les honnêtes gens avec leurs goûts simples et leurs commentaires spontanés, dénués d’intérêts, ont plus de poids que l’avis d’un critique tout puissant. Une idée intéressante à méditer.

Si cet article vous a mis l’eau à la bouche, découvrez les recettes "street food" de l’Académie du Goût. Le Club sandwich par Alain Ducasse, le Pain au comté, sauce Mornay et jambon au torchon, le Sandwich Agneau Menthe Poivron ou encore les Petits pains Riviera en brochettes.